Personne âgée : faut-il laisser dormir toute la journée ?

L’allongement du temps passé au lit chez les plus de 75 ans ne s’accompagne pas toujours d’un sommeil réparateur. Selon l’Inserm, près d’un tiers des personnes âgées connaît des troubles du sommeil, sous des formes variées, parfois méconnues. Une somnolence excessive en journée peut indiquer un déséquilibre, lié aussi bien à l’âge qu’à certaines pathologies ou à des médicaments courants.Des signes comme la désorientation, les chutes répétées ou la perte d’autonomie signalent parfois une cause sous-jacente à ne pas négliger. Adapter les habitudes quotidiennes, surveiller l’environnement et consulter en cas de doute permet de limiter les risques associés à ces troubles.

Pourquoi le sommeil évolue-t-il avec l’âge ?

Le sommeil, ce compagnon discret de chaque nuit, ne traverse pas les années sans encombre. Passé un certain cap, notamment après 70 ans, les nuits ne ressemblent plus à celles de la jeunesse. Le cycle du sommeil se fragmente, les réveils se multiplient et la sensation d’une nuit « pleine » s’effiloche. L’organisme produit moins de mélatonine, cette hormone qui sert de métronome à notre rythme veille-sommeil. Dès la soixantaine, la phase de sommeil profond raccourcit ; on dort plus légèrement, on se réveille plus souvent, et la fatigue s’invite parfois dès le matin.

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Plusieurs mécanismes se conjuguent pour expliquer ces transformations :

  • La réduction de l’activité physique quotidienne, qui ralentit la dépense énergétique.
  • L’isolement social, qui pèse sur le moral et modifie les repères temporels.
  • La présence de maladies chroniques, parfois silencieuses, qui perturbent les nuits.
  • La prise de médicaments, dont certains bouleversent les rythmes naturels du corps.

Le quotidien a aussi son mot à dire. Si l’exposition à la lumière naturelle diminue ou si les heures de lever et de coucher deviennent irrégulières, le sommeil se dérègle. Les nuits s’écourtent, les siestes s’allongent, la frontière entre jour et nuit s’amenuise. Ce glissement peut sembler anodin, mais il pèse sur la vitalité, la mémoire, l’équilibre émotionnel. Protéger son sommeil au fil des ans exige d’ajuster ses routines, de maintenir une activité adaptée et de surveiller sa santé globale. Rester actif, exposer son visage au soleil, et s’offrir des repères stables : voilà la meilleure stratégie pour préserver un sommeil de qualité à tout âge.

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Reconnaître les signes d’un sommeil excessif chez la personne âgée

La frontière se brouille parfois entre la nécessité de récupérer et une somnolence diurne excessive qui envahit le quotidien. Un parent âgé qui s’enfonce dans des siestes répétées, qui peine à tenir une conversation sans s’assoupir ou qui passe l’après-midi à lutter contre le sommeil, ne fait pas simplement “la sieste de trop”.

Certains signaux demandent une attention particulière. Voici ce qu’il faut observer pour ne pas minimiser la situation :

  • Des périodes d’endormissement inopinées, y compris lors des repas ou en plein échange.
  • Un ralentissement général, aussi bien dans les gestes que dans la parole ou la réflexion.
  • Un retrait social, des difficultés à suivre une activité ou à rester concentré.
  • Des épisodes de confusion, de désorientation, voire de troubles de la mémoire.

Parfois, ces manifestations sont le reflet d’un trouble plus profond. Les maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer, bouleversent le rythme veille-sommeil. Les personnes atteintes s’endorment à des moments imprévus, perdent leurs repères temporels et peuvent se montrer agitées la nuit. Une somnolence inhabituelle n’est donc jamais anodine : elle peut cacher un déclin cognitif ou une maladie évolutive.

Être attentif à ces changements, c’est permettre une prise en charge plus rapide et mieux adaptée. Ce n’est pas simplement une question d’habitude ou de tempérament : derrière une envie de dormir persistante, il y a parfois un déséquilibre à corriger ou une pathologie à explorer.

Faut-il s’inquiéter si un senior dort toute la journée ?

Quand le sommeil occupe chaque recoin de la journée, la question mérite d’être posée sans détour. Est-ce juste le poids des années, ou le signe d’un organisme qui lance un appel silencieux ? Chez un senior, une somnolence diurne excessive doit inciter à faire le point sur l’état de santé général. Cette fatigue persistante n’est jamais à balayer d’un revers.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette envie irrépressible de rester allongé. Les plus fréquents sont les suivants :

  • Une maladie chronique comme le diabète, une insuffisance cardiaque ou un cancer, qui épuise peu à peu les ressources de l’organisme.
  • Un déclin cognitif ou des troubles neurologiques qui perturbent la gestion du temps et du sommeil, à l’image de la maladie d’Alzheimer.
  • Des troubles respiratoires nocturnes, comme l’apnée du sommeil, souvent sous-diagnostiquée chez les personnes âgées.
  • Les effets secondaires de traitements médicamenteux nombreux, fréquents chez les seniors atteints de plusieurs pathologies.

Au-delà de la fatigue, passer trop de temps au lit fragilise la personne âgée. Les muscles s’atrophient, le risque de chute s’accroît, les articulations se raidissent. Mémoire et vigilance déclinent, l’autonomie s’effrite peu à peu. Quand la somnolence grignote la journée, mieux vaut consulter le médecin traitant et dresser un bilan. L’hypertension, le diabète ou d’autres maladies peuvent se cacher derrière cette lassitude. Il s’agit d’un signal qu’il ne faut jamais sous-estimer. Chaque personne mérite une évaluation personnalisée, car la fatigue peut masquer des problèmes de santé bien réels et parfois graves.

personne âgée

Conseils pratiques pour préserver un bon équilibre veille-sommeil après 70 ans

Avec l’avancée en âge, il reste possible de retrouver un sommeil réparateur. Quelques habitudes simples font la différence et aident à conserver un rythme veille-sommeil satisfaisant. Instaurer des horaires réguliers pour se lever et se coucher, y compris le week-end, offre au corps une structure rassurante, la constance stabilise le sommeil.

Il est conseillé de profiter de la lumière naturelle dès que l’occasion se présente. Sortir marcher dès le matin, ouvrir grand les volets, s’installer près d’une fenêtre : autant de gestes qui aident l’organisme à bien sécréter la mélatonine et à synchroniser son rythme. L’activité physique, même modérée, reste bénéfique. Un peu de marche, du jardinage, des exercices doux ou quelques étirements suffisent à limiter la somnolence en journée.

Pour optimiser la qualité du repos, soignez l’environnement de la chambre : calme, aérée, à température stable, sans écran lumineux le soir. Certains préfèrent écouter de la musique apaisante, d’autres s’accordent une séance de relaxation ou une tisane avant de dormir. Les approches naturelles, testées et validées par les professionnels du sommeil, offrent un soutien sans risque d’accoutumance.

L’alimentation n’est pas à négliger. Optez pour un dîner léger, limitez la caféine en fin de journée, évitez l’alcool. Une digestion difficile ou des grignotages nocturnes perturbent le sommeil. Si les troubles persistent ou si la fatigue s’installe durablement, il ne faut pas hésiter à consulter. Un professionnel saura proposer un bilan adapté ou orienter vers des solutions comme les médecines douces, particulièrement adaptées aux seniors.

Rester attentif, ajuster ses habitudes et solliciter un avis médical si nécessaire : voilà la clé pour que le sommeil reste un allié, et non un obstacle, au plaisir de vieillir debout.

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